De la naissance à la mort
| Dans toute société, naissance, mariage et mort devinrent vite affaires publiques : leur enregistrement conditionne l’existence légale d’un citoyen, l’exercice de ses droits et de ses devoirs, la dévolution de ses biens. |
|
| Cet enregistrement, prescrit en 1539 sous la forme des registres paroissiaux et laïcisé en 1792 sous la forme de l’état civil, a donné aux archives une de leurs séries fondamentales et certainement la plus consultée. Base des recherches généalogiques, des études démographiques (à compléter certes par les recensements de population établis depuis le XVII° siècle), elle permet aussi d’appréhender les pratiques matrimoniales et de conception, l’espérance de vie, l’impact des épidémies, l’immobilisme ou l’ouverture d’une société par des migrations, les interférences géographiques ou sociales dans le mariage… L’étude des prénoms permet de saisir l’importance de cultes locaux, de l’esprit républicain sous la Révolution, de déceler des protestants « clandestins » dans des registres catholiques… |
|
| Les « affaires de famille » remplissent une bonne part des minutes notariales et des archives des juridictions : contrats de mariage , partages et testaments mais aussi conflits sur les successions, sur les dots, sur des tutelles… Justice laïque et justice d’Eglise se rejoignent longtemps pour surveiller les contraventions aux lois du mariage : concubinage, bigamie, abandon de famille ou de fille enceinte, parenté trop proche. |
|
| Essentielles pour l’histoire de la vie humaine sont aussi les interventions de l’autorité en matière d’assistance et de soins et particulièrement en temps dramatique d’épidémie ou de famine : mesures de consuls puis de maires, d’intendants, de préfets révèlent l’ampleur des maux et les moyens plus ou moins efficaces d’y remédier ; contrôle des professions médicales et lutte contre la misère et la mendicité furent toujours de mise. Les archives des hospices et hôpitaux viennent apporter leur large contribution à la connaissance des pratiques médicales et des systèmes d’assistance, tant aux indigents qu’aux passants, aux lépreux qu’aux pèlerins, aux enfants trouvés qu’aux prostituées. Les récits d’administrateurs, de voyageurs et de médecins sont d’une très grande richesse dans le domaine de l’état physique des populations et on notera enfin l’importance des mentions portées sur les registres militaires qui permettent de dresser des statistiques de taille, de couleur d’yeux et de cheveux et d’infirmités.  |
|