L'Ariège se visite !

L’œil de l’étranger est toujours précieux et les visiteurs furent nos premiers ethnologues. Qu’ils soient chroniqueurs « professionnels » tel Froissart au XIV° siècle suivant Fébus avec fascination ou administrateurs « éclairés », informateurs d’intendants à l’origine de leurs remarquables rapports ou auteurs comme Froidour d’une riche correspondance parallèle à leurs activités officielles. Avant d’être ces riches curieux qui à la charnière des XVIII° et XIX° siècles passèrent une bonne part de leur temps sur les routes de France et d’Europe en rédigeant leurs « impressions ».
Quand ce qui n’était qu’exception devint le fait d’un plus grand nombre, ce qui n’était que simple regard devint élément de modification des comportements, ouverture vers l’extérieur certes mais aussi renforcement des particularismes, affirmation d’une identité face aux étrangers par le costume, par la fête, par la langue, avec d’ailleurs exaltation de cette identité par les étrangers eux-mêmes, admiratifs de cet exotisme.
Sous l’Ancien Régime déjà, on venait aux eaux d’Ax et on visitait les grottes de haute Ariège. Au XIX° siècle, thermalisme et tourisme prirent leur essor même si ce fut dans des proportions moindres que dans les Pyrénées centrales… Le développement des moyens de communication, par la route puis le train, le tramway, l’autobus, amenèrent des « saisonniers » toujours plus nombreux ; les stations thermales offraient leurs casinos, leurs concerts, leurs promenades ombragées ; des villageois conduisaient vers les forêts et les lacs ou dans les grottes qu’on ne savait pas encore préhistoriques. Les guides touristiques fleurirent, valorisant sites et monuments et révélant une mythologie ariégeoise qu’ils n’hésitaient pas à enjoliver ou même à enrichir d’inventions opportunes. Tout cela préfigurait l’explosion en notre siècle des sports d’hiver, du tourisme vert, du tourisme culturel autour d’un riche patrimoine, du tourisme sportif de randonnées et circuits en tous genres qui sont devenus atouts économiques de premier plan.
Les archives conservent une très volumineuse collection de ces guides, particulièrement de guides des villes de «bains», de cartes postales, d’affiches, de programmes de fêtes et manifestations folkloriques, de brochures et de dépliants, sans compter les œuvres de nos premiers voyageurs « littéraires », illustrées de gravures parfois remarquables. L’importance du tourisme est révélée aussi par les archives de police administrative de la préfecture et des communes concernant l’hygiène publique (surtout dans les stations thermales), la circulation et les transports publics, les casinos, l’hôtellerie, le camping et les gîtes, les restaurants et débits de boissons, dans les dossiers d’initiatives économiques, dans les documents statistiques.

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